PS: Un peu plus tôt dans le mois et ce billet aurait pu être le billet anniversaire de la dernière fois que j'ai posté un truc sur ce blog… D'un autre côté, si on oublie l'année qui vient de s'écouler j'ai juste deux semaines de retard. Tout est question de perspective. ^^'
On a déjà parlé (il y a longtemps) de mon système de création de personnages préférés, mais, aujourd’hui, on va évoquer l’éternelle séance de création de personnages, ce moment où le MJ regrette de ne pouvoir multiplier les manuels de jeu parce que tout le monde en a besoin LA MAINTENANT TOUT DE SUITE. Hey! Le bonus pour le pistolero c'est quelle page déjà?
La création de persos est une étape étrange de la partie de JDR. C'est le moment où le MJ fait de son mieux pour présenter aux joueurs l'univers qu'ils s'apprêtent à parcourir. Pour que la création soit efficace, il faut aussi expliquer comment fonctionne le système du jeu. Ensuite chaque joueur bosse de son côté ou alors prend la peine de se concerter avec ses petits camarades pour ce qui se résume un peu à 25% de travail biographique, 25% de shopping et 50% de maths. Et une fois que la création est finie, on se présente aux autres joueurs et la partie peut enfin commencer. Parce que la création de perso fait partie du jeu, mais pendant qu'on crée l'être que l'on va incarner pendant la partie, on ne joue pas encore vraiment.
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Fiche de personnage pour Little Fears
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Nous ne sommes pas encore en train de jouer, mais ce n'est pas parce qu'on n’en aurait pas envie ou pas la possibilité, plutôt parce que les jeux ne sont pas prévus pour une création de persos dans la narration (pas plus qu'ils ne sont prévus pour la création de groupes de persos, plus sur le sujet dans un prochain billet). Les jeux à la D&D demandent une création où il est difficile de calculer le jet d'attaque de base d'un rôdeur avec une épée bâtarde +1 enchantée sur un don d'arme de prédilection si notre concentration est à moitié tournée vers le gnome illusionniste qui nous raconte la triste histoire de sa famille qui a été bouffée par une meute de loups. Ensuite, même si on se répartit un peu les rôles dans le groupe "tu fais un grand costaud? Ok, je fais un petit malingre, y'a une femme dans l’équipe?" la création "classique" veut que l'on crée son bonhomme. Lord Dawan ne va pas m’imposer le clan Tremer pour mon vampire et, en échange, je ne lui dis pas de donner 50% en fusil à éléphant son professeur d'égyptien ancien. Nous avons donc peu de raisons d'interagir.
Mais ça ne veut pas dire que certains jeux ne nous permettraient pas d'intégrer la création à la partie.
J'ai enfin pu tester Don't Rest your Head, un jeu Evil Hat Productions traduit par les Écuries d'Augias. Un jeu de folie et de ville alternative pour des personnages insomniaques aux prises avec leurs démons pas aussi intérieurs qu'ils le souhaiteraient. Un jeu avec une création de persos relativement minimale et rapide. Mais relativement seulement. Ce qui m'a donné une idée…
Bienvenu à cette séance du groupe de soutien. Je suis le docteur MJ, lequel de vous veut s'exprimer en premier?
Dans le fond, qu'est-ce qui nous manque pour narrer la création de persos? Ce serait une discussion qui tourne autour des stats de nos personnages, de leurs compétences, de leurs défauts. Mais nous possédons des situations où nous procédons à ce genre de conversation dans nos vies de tous les jours, des moments où nous réfléchissons à nos stats, notre classe ou nos malus. Lors des entretiens d'embauche, quand nous rencontrons notre nouveau groupe de jeu de rôle, chez notre psy… autant de situations qui pourraient être utilisées dans le jeu pour non seulement présenter notre personnage et ses stats en RP, mais aussi, pour les jeux avec une création de persos plus light, procéder à la création en direct. Par exemple les jeux dont la fiche de personnage est plus une série de phrases qu'une suite de chiffres (comme la fiche de Little Fears ci-dessous). Je les aime particulièrement parce qu'ils forcent les joueurs à penser à leur personnage en termes de personnalité plutôt que comme à une liste de compétences. Un personnage de Little Fears n'est pas un guerrier avec un bonus à l'arc et 12 en force. C'est un garçon de 8 ans qui s'appelle Tom et dont le meilleur ami est un nounours. Il est bon pour baratiner les adultes, mais déteste le camping et il a des chaussures magiques qui lui permettent de courir aussi vite que le Flash. Au moment de se présenter, le joueur n'a qu'à lire sa fiche à la suite pour créer un discours cohérent.
Pour le cas de Don't Rest your Head, qui met en scène des personnages insomniaques, la situation sociale permettant la création de persos était toute trouvée: le groupe de soutien. Les fiches de don't rest your head fonctionnent aussi sur le principe du questionnaire, un peu comme Little Fears, donc il est possible de les remplir assez rapidement.
Il y a un autre avantage à créer les personnages pendant qu'on joue. Si vous posez vos joueurs à la table et leur demandez de remplir une feuille, ils vont créer ce qu'ils pensent qu'ils veulent jouer. Si vous les faites jouer un peu et leur demandez de remplir la feuille dans un deuxième temps ils seront un peu plus susceptibles de créer le personnage qu'ils ont déjà commencé à jouer plutôt qu'une chimère qui ne se réalisera jamais à la table. D'un autre côté, consulter les listes de courses d'une création de persos à la D&D permet probablement de s'inspirer de concepts qui ne nous seraient jamais venus tout seuls… Le truc cool avec le JDR c’est qu’il n’y a pas de solution parfaite, juste plusieurs façons valables de faire les choses. C’est bien aussi.
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